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« Écoute-t-on vraiment le jeune ? »

Dernière mise à jour : 2 févr. 2021

Françoise Dolto, un nom qui fait autorité. Je viens de me plonger dans La cause des adolescents écrit en 1988. Dire qu’il n’a pas pris une ride serait faux mais constatons la pertinence des objections ou des remarques dans une société déjà traversée par les questions d’aujourd’hui.

Tout d’abord, questionnons-nous, adultes. Quel idéal donne-t-on à voir aux jeunes ? Quelles sont les valeurs que nous promouvons à leurs yeux ? Notre vision est-elle uniquement alimentaire ou soutient-elle un idéal dans le travail par exemple ? Quelle vision de l’amour leur transmet-on ? Leur parle t-on du préservatif avant la tendresse ? Cela peut paraître un peu binaire mais le questionnement est éclairant. Je mets cette réflexion en lien avec une phrase de Gandhi que je cite beaucoup dans mes ateliers sur la communication bienveillante : « Il n’y a qu’une seule façon d’éduquer. C’est l’exemplarité » Dont acte !


Ensuite, je suis toujours admiratif de l’accueil qu’elle réserve à l’enfant, à informer avec attention, dit-elle. Et d’ajouter une formule qui pique : les enfants ne font pas partie des bagages des parents ! Oui, ce sont des personnes et non des objets.


Le titre invite à cette défense de l’adolescent. N’entendons pas la « cause » au sens logique du terme comme s’il y avait une causalité in fine qui pouvait se lire car le trajet serait sûrement trop rapide et trompeur : le savoir achoppe toujours un peu, pour laisser précisément le sujet s’interroger devant cette faille. Entendons la cause comme le parti pris inconditionnel de la personne. Une défense en somme qui aurait pour enjeu la responsabilisation du sujet.

Exemple à l’appui : que penser des jeunes qui s’installent en couple très tôt ? Et qui répondent au pourquoi de cette installation par ces mots très simples : « parce que l’on est bien ensemble » ? Serait-ce de la pantouflarderie si on ose ce néologisme ? Non, répond-elle. Ils comprennent que la conjugalité, c’est précisément autre chose que la passion, comme un compagnonnage fidèle. Le point d’achoppement, déplore-t-elle, c’est que le jeune est maintenu dans un état de minorité qui ne favorise pas sa responsabilisation. Or, notre culture ne favorise pas assez l’essor du jeune, comme à travers le développement de petits boulots par exemple. En conséquence, peu de solutions licites existent permettant aux jeunes de s’assumer, les obligeant alors à rester ou à se placer sous la charge d’un adulte, au risque parfois de la perversion. Trente ans plus tard, notre société a-t-elle avancé là-dessus ?

En substance, écoute-t-on vraiment le jeune, interroge-t-elle ? S’il rencontre des projets d’amour ou professionnels contrariés, il s’agit de faire attention aux oukazes de l’opinion, si prompte à juger, aux dépens de ce qui se vit chez lui.


Je retiens une phrase, que je reconstitue de mémoire : « La famille, on lui est infidèle. C’est la loi et c’est bien ». C’est dire le trajet d’émancipation du jeune, attendu, qui s’affirme dans ses propres choix. A nous parents de reconnaître cette saine distance dans ce chemin de séparation. A son âge, la pensée de la mort peut être très présente. Françoise Dolto écrit : « Il faut penser la mort du corps pour pouvoir accéder à un autre niveau, celui du sujet de son désir ». Un beau programme de travail pour quiconque veut le mettre en mots !


Et pour terminer, je vous laisse avec cette belle définition du psychologue : « Quelqu’un dont c’est le métier de ne pas s’angoisser quand vous lui parlez d’angoisse » : une condition sine qua non.


Philippe Poins, psychologue clinicien à Rennes – Janvier 2021


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